Pathways : Tisser des liens, célébrer la culture et développer un sentiment d’appartenance par le sport
Cinq des 94 appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) portent sur le sport et la réconciliation. Les leaders communautaires travaillant dans le domaine des sports et loisirs autochtones s’entendent pour dire que les appels à l’action ont une incidence non négligeable sur leur travail.
Directeur général du Yukon Aboriginal Sport Circle (YASC), Gael Marchand indique que l’organisme reçoit maintenant plus de financement national et territorial pour ses programmes, ce qu’il attribue aux appels à l’action, qui insistent sur la nécessité d’instaurer des politiques, initiatives et programmes sportifs inclusifs; de favoriser le développement des athlètes autochtones; de maintenir l’appui aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord; et de sensibiliser le public à l’histoire des athlètes autochtones au pays.
Conseillère en sport et loisirs des Premières Nations au gouvernement du Yukon, Megan Cromarty travaille étroitement avec le YASC. Elle affirme faire régulièrement référence aux appels à l’action dans son travail. Le gouvernement du territoire et le YASC élaborent actuellement un protocole d’entente sur le cadre de collaboration pour donner suite aux appels à l’action et accroître la participation sportive des Autochtones.
Le rôle du sport dans la réconciliation
Citoyen du Conseil des Tlingits de Teslin, Gordon Reed préside depuis longtemps le Yukon Aboriginal Sport Circle.
« Nous croyons globalement que le sport est bénéfique aux jeunes sur les plans mental, affectif, physique et spirituel, explique-t-il. Le sport est synonyme de possibilités, d’acquisition d’aptitudes au leadership et de sentiment d’inclusion, des choses qui ne seraient peut-être pas possibles autrement. »
Selon lui, la participation à des activités sportives et récréatives peut contribuer à atténuer bien des problèmes dans les communautés.
« Ce genre d’activités saines peut renforcer l’estime de soi et la confiance en soi, et avoir des avantages inattendus sur le risque de suicide et la consommation de substances », précise-t-il. Pour lui, les sports et les loisirs ne sont pas seulement bénéfiques pour les jeunes : ils le sont pour toute la société.
« Le sport permet de tisser des liens et de développer un sentiment d’appartenance », soutient Gael.
Il affirme aussi que les sports servent à transmettre les valeurs et la culture. Il est important que les acteurs du milieu adoptent une approche axée sur la réconciliation et réfléchissent à ce qu’il faut faire pour que les sports intègrent les valeurs autochtones et favorisent la participation des Autochtones.
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Les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord : beaucoup plus qu’un événement sportif
Megan, Gordon et Gael sont au nombre des personnes ayant permis à plus de 130 athlètes, entraîneuses et entraîneurs et membres du personnel de mission de participer aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord (JAAN). Gael, chef de mission, était accompagné de ses cheffes de mission adjointes, Megan et Karee Vallevand, de la Première Nation des Kwanlin Dün. Ensemble, ils ont tout organisé, des uniformes aux déplacements, en passant par la sélection des entraîneuses et entraîneurs.
Selon Gordon, les JAAN sont bien plus qu’un événement sportif : « C’est une occasion de plonger dans la culture autochtone et de la faire découvrir à d’autres. »
Les JAAN, ce sont aussi des chansons, la découverte d’autres langues, de la danse, des rencontres entre athlètes et de l’information sur les programmes d’entraînement et les bourses; ils peuvent ouvrir beaucoup de portes.
« Les Jeux suscitent un sentiment de fierté par rapport à l’identité autochtone », affirme-t-il.
Megan a participé à 11 autres jeux multisports, mais c’était ses premiers JAAN. La cérémonie d’ouverture lui a donné la chair de poule, avec les cris de la foule, les chants traditionnels des Selkirk Spirit Dancers et les joueuses et joueurs de tambour ayant ouvert la marche.
« C’était comme une célébration, pas seulement du sport, mais aussi de la culture. »
Selon elle, la population est chanceuse parce qu’au Yukon, on accorde autant d’importance aux JAAN qu’à d’autres jeux multisports, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Cette année, le gouvernement du Yukon a presque doublé son financement pour les JAAN.
Les JAAN s’adressent à un public différent de celui des autres jeux, et la participation à un événement de cette ampleur peut être une expérience transformatrice. Pour beaucoup de jeunes, c’est le premier événement sportif auquel ils prennent part, et ce sera peut-être le seul de cette envergure. Ce qui distingue les JAAN, c’est qu’il s’agit aussi d’un rassemblement social et culturel pour jeunes autochtones.
Pour Gael, s’entourer de jeunes autochtones de toute l’Amérique du Nord permet d’affirmer son identité : « C’est un événement marquant; les jeunes s’en souviennent longtemps parce qu’ils s’ouvrent les yeux sur ce que ça signifie, être Autochtone. »
Les JAAN de 2023 ont été les plus victorieux d’Équipe Yukon jusqu’à maintenant, ses athlètes ayant compétitionné dans 11 disciplines et remporté 39 médailles dans 5 sports.
Collaborer pour stimuler les occasions
Le travail de Megan, Gordon et Gael ne se limite pas aux JAAN. Ils travaillent ensemble sur plusieurs initiatives visant à faire en sorte que plus d’Autochtones fassent du sport et aient des loisirs et à bonifier les occasions sportives et récréatives.
Megan dit collaborer de près avec environ la moitié des organismes directeurs de sport du Yukon et plusieurs organismes de loisirs communautaires, les aidant à accroître la participation sportive des Autochtones et à développer des relations avec le Yukon Aboriginal Sport Circle.
Pour elle, le sport et les loisirs sont indissociables : ce sont des activités saines qui rassemblent jeunes et adultes. Elle s’affaire à réduire les obstacles pour que tout le monde ait les mêmes chances de participer.
« Quand la population participe aux activités, on remarque que la communauté est plus saine, plus vivante », affirme-t-elle.
« Les collectivités rurales ont de la difficulté à offrir certaines activités, pas parce qu’elles n’ont pas les installations nécessaires, mais plutôt par manque de bénévoles. Parfois, il n’y a pas assez de gens pour organiser et encadrer les activités sportives. »
Pour Gordon, il est aussi nécessaire d’avoir des entraîneuses et entraîneurs et des championnes et champions dans les collectivités. Il aimerait que plus de gens trouvent des moyens de continuer à s’impliquer.
Il encourage aussi les personnes ayant des enfants à communiquer avec le YASC pour connaître les ressources existantes. L’organisme a un fonds spécial pour aider les athlètes autochtones à réaliser leurs rêves. Il agit aussi comme organe directeur des sports arctiques, des Jeux dénés et du tir à l’arc.
Gael indique que d’autres organismes directeurs de sport communiquent avec le YASC pour savoir comment rendre leurs sports plus inclusifs. C’est un long processus, mais l’organisme commence à constater un mouvement vers des sports et loisirs plus centrés sur la réconciliation.
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